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SAPIGNEUL

Village disparu et mont des bords du canal de l’Aisne à la Marne

Avant guerre, le village de Sapigneul se trouve près du canal, il compte environ 90 habitants.

Dès 1914, Sapigneul est âprement disputé.

Les Français le reprennent en septembre et parviennent à repousser les Allemands début novembre.

Ceux-ci se retranchent de l’autre côté du canal (sur la côte 92 ou Mont de Sapigneul), le front se stabilise. Déjà à cette date, le village est entièrement détruit (tout comme le pont sur le canal, les passerelles et les écluses. Le front est marqué par de fréquentes escarmouches mais reste stable en 1915 et 1916.

Sapigneul fait partie d’une zone considérée comme essentielle dans l’offensive Nivelle du 16 avril 1917, autour de Berry-au-Bac et du contrôle des points hauts situés entre le plateau du Chemin des Dames et les Monts de Champagne (côte 108, Brimont, Mont Spin).

C’est à Sapigneul que les Allemands organisent un coup de main (le 5 avril) et s’emparent de plans essentiels concernant l’attaque française.

Le 16 avril, le 150e RI parvient à franchir les lignes ennemies et prendre pied sur les pentes du mont de Sapigneul, mais il ne peut s’y maintenir face à la bonne résistance allemande.

Les combats se poursuivent dans les jours suivants, puis Nivelle ordonne une nouvelle tentative le 4 mai. Le secteur devient plus calme à la fin du mois. - Le village n’est pas reconstruit après-guerre car non déminé et classé en zone rouge ; les habitants doivent donc s’installer à Cormicy. - Aujourd’hui, il ne reste de l’ancien village de Sapigneul qu’un morceau de mur, monument et lieu de mémoire bâti sur l’ancien emplacement de l’église Saint-Laurent.

 

L'AFFAIRE SAPIGNEUL – Les plans de la Ve armée aux mains de l'ennemi depuis le 5 Avril.
 

Le 5 Avril, la veille de la conférence de Compiègne, l'ennemi avait réussi, sur la tête de pont de Sapigneul, un coup de main hardi qui pouvait sembler le prélude de plus vastes entreprises . Au cours du combat les Allemands firent prisonnier un sergent-major dont la sacoche renfermait le plan d'attaque de presque toute la Ve armée.
Au cours d'un procès Malvy, un des juges, Mr le sénateur Hervey, m'interrompit :

« Prétendez vous que des documents de cette importance se trouvaient sur un sergent ? »

Je lui répondis :

« Je ne prétends pas, je dis que cela fut. »

Comment cette chose extraordinaire a t'elle été possible ?

Voici l'explication, telle qu'elle me fut fournie par la suite :

Les officiers supérieurs avaient été invités, dès fin mars à exalter l'enthousiasme et la confiance des cadres subalternes et des hommes, en les initiant à la grande opération dont ils allaient être les acteurs. C'est ainsi qu'au début Avril, des commandants d'unités de première ligne avaient reçu copie des instructions concernant non seulement leur unité, mais de nombreuses unités voisines.
En particulier, un commandant d'infanterie du 7e corps d'armée avait en main le dispositif d'attaque de son corps d'armée ( unités engagées, objectifs heure par heure, etc..) en même temps que des indications analogues, plus sommaires mais précises, sur l'opération des deux corps d'armée limitrophe du 7e.
Soit en définitive, la mission de trois corps d'armée et des brigades Russes. Le chef de bataillon fit tirer de ces instructions, plusieurs exemplaires pour les commandants de compagnie. Lors du coup de main de Sapigneul, craignant qu'ils ne tombassent entre les mains de l'ennemi, il les remit dans une sacoche à un sergent-major, avec l'ordre de gagner l'arrière du front au plus vite. Mais ce fut le sergent qui fut fait prisonnier tandis que l'officier put s'échapper avec une partie de ses hommes. Le commandant loyalement rendit compte immédiatement. Dès le 6 Avril, le Haut commandement français savait donc que le plan d'attaque du fort de Brimont et des deux tiers du secteur de la Ve armée était connu de l'ennemi.

Aucune modification ne fut pourtant apportée à ce plan.
Le Général Nivelle se borna à adresser aux armées la note suivante :

Notre pour les armée

Le 11 Avril 1917,

Malgré les prescriptions formelles interdisant d'emporter les documents secrets en première ligne, un chef de bataillon a remis à ses commandant d'unité de première ligne un plan d'engagement comprenant : la mission du corps d'armée et des corps d'armée voisins, c'est à dire de presque toute l'armée, la manœuvre à exécuter par sa division et les divisions voisines.

Le général commandant en chef a infligé au général de division un blâme sevère qui sera mentionné à son dossier personnel.

L'attention de tous est appelée sur la gravité de cette faute qui , pouvant dévoiler à temps à l'adversaire les grandes lignes de nos attaques, risque de les faire échouer.

La rédaction du plan d'attaque du bataillon ci dessus visé est manifestement contraire aux prescriptions des deux documents essentiels relatifs au combat des petites unités...

Les plans d'engagement ne doivent pas mentionner autre chose que ce qui est visé par ces instructions.
En vue d'assurer la convergence des efforts, il faut que chacun connaisse la manœuvre, mais le document écrit ne doit contenir que l'indispensable ; toute autre indication reconnue utile ne doit être donnée que verbalement et avec une stricte mesure.

Signé : NIVELLE

 

Cette note n'apportait aucun remède au mal causé. L'ennemi connaissait dorénavant dans le détail, notre plan sur un vaste secteur, et il en pouvait déduire s'il ne le savait déjà, ce que serait sur le reste du front (et notamment sur les plateaux de Vauclerc et de Craonne, notre méthode d'assaut brusqué.
Pourquoi, dans ces conditions, le plan d'attaque de la Ve armée fut il maintenu tel quel, sans aucun changement ?

"La vérité sur l'offensive du 16 avril 1917" 20/12/1919

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