Prouilly est une commune de la Marne située à 17 kilomètres de Reims et peuplée d'environ 600 habitants.

 

Durant la guerre, Prouilly a accueilli un hôpital militaire d'orientation et d'évacuation (HOE) qui recueillait le flux des blessés venant des fronts situés à proximité, notamment les blessés du chemin des dames lors de la grande offensive Nivelle en 1917.

 

L’hôpital initialement prévu pour recueillir deux corps d'armée fut d'ailleurs complètement submergé par les blessés durant cette période car entre le 16 et le 20 avril le médecin chef de l'HOE de Prouilly est tenu informé de la nouvelle situation : l’hôpital devra recevoir l'évacuation des deux autres corps d'armée et de la brigade russe, autrement dit toute une armée entière.

L'HOE de Prouilly recevra donc 5700 blessés entre le 16 et le 20 avril, pour un nombre de places prévu pour 1300 blessés.

 

Beaucoup de soldat périrent par manque de soins dû au tri des blessés mais aussi par le manque de personnel médical et de place.

Cet incident fit beaucoup de bruit dans les hautes sphères de l'armée, ce qui par la suite apportera un changement plus adapté au niveau de l'évacuation des blessés et des HOE.

 

Certains blessés graves devaient être transportés plus à l’arrière du front afin de recevoir des soins plus adaptés.

Pour ce faire, des trains d'évacuation appelé « TS » (train sanitaire) passaient par Prouilly.

Ces trains sanitaires étaient composés pour la plupart du temps de :

• 1 voiture pour le personnel,

• 1 voiture salle de pansements,

• 8 voitures de blessés,

• 1 fourgon réfectoire cuisine,

• 2 wagons service,

Soit 13 voitures au total.

 

Le 20 Juin 1915 à Prouilly, 44 légionnaires du 2e régiment étranger d'infanterie refusent de s'équiper pour une marche.

Voici le détail de cet incident tiré du JMO du 2e régiment étranger d'infanterie :

 

20 juin 1915

A Prouilly. Départ à 18h15 pour Merfy et Saint Thierry. Au moment du départ, 44 légionnaires refusent de s'équiper et de suivre le bataillon, déclarant ne plus vouloir servir à la Légion Etrangère et voulant passer dans des corps français.

Au dernier moment, 17 légionnaires russes se ravisent et rejoignent leur compagnie. 27 légionnaires russes et arméniens persistant dans leur refus d'obéissance sont remis entre les mains de la force publique, prévenue dans l'après-midi (les légionnaires arméniens demandaient à être envoyés dans un camp de concentration, étant sujets ottomans). 

 

21 juin 1915

Le bataillon arrive à Merfy à 21h. Les 3ème et 4ème compagnies y cantonnent. La 2ème compagnie cantonne à Saint-Thierry, la 1ère compagnie à la Verrerie. 

Dans sa séance du 21 juin, le Conseil de Guerre spécial réuni à Pévy par ordre n°4759 du général commandant le corps d'armée pour juger les 27 légionnaires du bataillon coupables de révolte et refus d'obéissance sur territoire en état de guerre condamne ceux-ci : 

 

• 7 soldats à la peine de cinq ans de travaux publics

• 11 soldats à la peine de dix ans de travaux publics

• 9 soldats à la peine de mort

 

22 juin 1915

Conformément aux prescriptions de l'article 151 du Code Civil, les neuf légionnaires ci-dessus désignés, condamnés à la peine de mort par le conseil de guerre spécial du régiment, ont été passés par les armes le 22 juin à 15 heures à Pévy.