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Massif de
Saint-Thierry
14-18
Voici un extrait du JMO du 61e bataillon de tirailleurs sénégalais durant les féroces combat du 28 et 29 Mai 1918 dans le secteur du chateau des Maretz, proche de Merfy.
Photos a venir
28 mai 1918
A 14 heures, le 61e bataillon de tirailleurs sénégalais cantonné à Champfleury était alerté. A 18 heures le chef de bataillon recevait l'ordre de se porter sans délai à Tinqueux où des ordres complémentaires lui seraient donnés par le général commandant la 45e DI.
Précédant le bataillon, le chef de bataillon Malafosse se rendait urgemment à Champigny au PC du général commandant la 45e DI qui donna l'ordre verbal suivant : Le 61e bataillon se portera le plus tôt possible en avant pour Occuper le canal 1500 m au NO de la ferme de Baslieux
-la ligne de résistance sera établie sur le boyau de Lorient, la ligne de soutien passant par la ferme de Baslieux,
-distillerie, pont Saint-Thierry.
Occuper le canal 1 500 au NO de la ferme de Baslieux : la ligne de résistance étant établie sur le boyau de Lorient et la ligne de soutien passant par la ferme de Baslieux : la distillerie et le pont de Saint-Thierry.
Etablir un poste de liaison à gauche avec un bataillon qui occupe la rive gauche de la Vesle, à l’Ouest de Champigny. Se relier à droite avec un bataillon du 22e Régiment d’Infanterie Colonial à la Verrerie.
Le régiment algérien qui tient le pont en avant de ce secteur, devra se replier pendant la nuit. Le 61e Bataillon devra se défendre coûte que coûte sur ces emplacements. Après entente avec le colonel de Fajolle commandant le 22e RIC, dont le PC est installé dans le Bois du Château de la Malle à Saint-Brice Courcelles, le chef de Bataillon Malafosse se portera en tête du bataillon et occupera la position dans les conditions ci-après : Les 3 compagnies accolées auront chacune 2 sections sur la ligne de résistance en avant de laquelle seront placés des postes de surveillance 2 sections sur la ligne de soutien. La défense de la ligne de soutien sera confiée comme suit : La ferme de Baslieux : à la compagnie Teniger La distillerie : à la compagnie Larcelet La machine novatoire : à la compagnie Ausseil La compagnie de mitrailleuses installera deux sections sur la ligne de résistance 1: dans l'ouvrage de la station de 2e à la droite près du canal. Dans l’ouvrage de la station à la droite près du canal Les deux autres sections seront placées en avant de la ligne de soutien : l’une à gauche pour interdire le débouché par le bois du Marais ; l’autre à droite près du Pont de Saint-Thierry. Le chef de bataillon établit son PC au Pont St Thierry
29 mai 1918
Ce dispositif est réalisé le 29 mai vers 2 heures du matin ; la ligne de résistance est à peine ébauchée, tout est à organiser sur la ligne de soutien. Chacun se met au travail et au point du jour, les groupes de combat ont créée des organisations sommaires. La liaison est établie sur le canal avec la compagnie du 22e RIC défendant la verrerie. A gauche une patrouille de la compagnie Tiniger envoyée jusqu'à la Vesle ne parvient pas à trouver la liaison avec nos voisins de gauche. Le chef de bataillon, pour couvrir son flanc gauche, donne l'ordre à 6 heures au capitaine Tiniger de détacher une section de son soutien au Château des Marais avec mission de défendre ce point et de détacher une nouvelle patrouille destinée à former un poste mixte avec nos voisins de gauche. Pendant ce temps des colonnes ennemies (environ 2 bataillons) débouchent du bois de Saint Thierry et se dirigent vers Merfy. C'est en vain que le chef de bataillon demande le tir de l'artillerie sur ces troupes. Ce tir n'est calanché qu'une heure après que la demande ait été faite. C'était un peu tard.
1ère attaque :
A 8h30 l'ennemi, s'infiltrant à travers bois et dans les hautes herbes, avait pu prendre pied à la corne N.O du bois du château du Marais et occuper les tranchées évacuées dans la nuit par le régiment Algérien. Le contact était établi sur tout le front du bataillon. Le feu de nos mitrailleuses avait causé des pertes sérieuses aux boches par un tir nourri sur les groupes découverts dans leur progression. A titre documentaire je signale que le poste d'observation de la compagnie Lareclet abattit l'ouvrage du centre de la Pompe aux boches, vêtus de capotes de tirailleurs algériens, au moment où ils cisaillaient des réseaux de fil de fer pour pénétrer dans la tranchée. A 9 heures les boches attaquent par le nord du canal à la station. Nos postes de surveillance se replient sur la ligne de résistance. Accueillis par un feu nourri qui cause de lourdes pertes aux assaillants, l'attaque ne peut aborder nos lignes et se terre les groupes dissimulés dans les hautes herbes.
2e attaque
Aussitôt après, à 9h10, l’ennemi fait une préparation d'artillerie par pièce de gros calibre sur la machine élévatoire et le Pont Saint Thierry. Cette préparation est suivie à 10 heures d'une violente attaque d'infanterie qui s'avance par le Nord et le château des Marais. Partout les vagues ennemies sont arrêtées par notre feu de mousqueterie et de mitrailleuses. L'effort principal de l'ennemi se porte à la gauche du bataillon dans le bois du Marais où la section HUGONNENC prise de front et à revers résiste avec une ténacité farouche sans fléchir. Ses pertes sont sérieuses.
A 12h30 elle avait 15 hommes hors de combat. Le capitaine Tiniger fait renforcer sa ligne par sa section de soutien, la ½ section Fauvel renforce la section Lucchini, la ½ section Vitcoq va renforcer la section Hugonnenc. Mais les renforts boches arrivent sans cesse. En tournant sur notre gauche, le sous -lieutenant HUGONNENC est tué. Sa section se fait tuer sur place. La ½ section Vitcoq en arrivant près de la section Hugonnenc est encerclée elle-même par les boches qui accentuant leur mouvement tournant, débouchent sur nos arrières par la côte sud du bois du château du Marais. La ½ section Vitcoq se défend avec le même esprit de sacrifice que la section Hugonnenc sans reculer d'un pas.
Le sacrifice de ces deux éléments arrête les boches qui ne peuvent déboucher de la lisière Est du bois. Pendant que la lutte acharnée se déroulait dans le parc du château, le chef de bataillon avait prescrit à la compagnie Larcelet de mettre une section à la disposition du capitaine Tiniger pour prendre position en avant de la ferme de Baslieux, face à l'ouest, et assurer la liaison avec la section Lucchini. Cette dernière défendait l'ouvrage de la station et, attaquée par le nord et par l'ouest, elle avait dû faire face au nord-ouest en arrière de la station. Telle était la situation à la gauche du bataillon vers 14h30.
A ma droite la compagnie du 22e RIC avait évacué à midi la verrerie en faisant sauter le pont sur le canal après s'être repliée au sud du canal. Les boches s'introduisirent aussitôt dans la verrerie et ma droite devenait à son tour un point très sensible, l'ennemi ayant pied sur le canal. Impossible de déplacer mes éléments de soutien : les deux ailes étant menacées je demande encore mais en vain une compagnie de renfort. L'attaque d'infanterie ennemie était enrayée vers 14h. Le bataillon occupait les emplacements indiqués sur le croquis.
3eme attaque
A 14 heures, le bombardement ennemi par obus de gros calibres et obus à gaz reprend sur la ferme de Baslieux, distillerie, machine élévatoire et pont Saint Thierry. Dès 15 heures les vagues ennemies débouchent du bois des Marais, attaquent face à l'Est le front Baslieux, boyau de Lorient. Cette attaque est appuyée par le feu de mitrailleuses qui de l'ouvrage du centre de la Pompe prenait d'enfilade notre ligne de défense. Pendant plus de 2 heures les sections des compagnies Larcelet et Tiniger défendent le terrain pied à pied, tandis que la compagnie Ausseil dépose ses deux sections de soutien face à l'ouest en avant de la machine élévatoire pour recueillir les sections engagées. A 17h30 les éléments Tiniger et Larcelet atteignent la ligne Ausseil et se cramponnent au terrain faisant subir de lourdes pertes à l'ennemi qui est arrêté dans la progression.
4e attaque :
De 17h30 à 19h calme relatif. A partir de 19h15 nouvelle préparation d'artillerie sur notre ligne et en particulier sur la machine élévatoire et le pont St Thierry. A 20h30 l'infanterie ennemie déclenche une nouvelle attaque générale depuis le canal jusqu'à la machine élévatoire. Ses éléments de droite, qui se sont infiltrés dans les hautes herbes, prennent notre gauche d'enfilade et cherchent à nous contourner pour nous couper le canal. La résistance est acharnée, mais il faut céder le terrain. Le mouvement de repli se fait en ordre par échelon, sur la rive Est du canal par le pont St Thierry et les deux passerelles situées l'une à 200 mètres au nord, l'autre à 200 mètres au sud de ce pont. La tête de pont de St Thierry est gardée à l'ouest par une section de la compagnie Ausseil et une section de mitrailleuses. Le reste du bataillon se forme sur la berge Est du canal : sa droite à 50 mètres au nord du pont en liaison avec la 11e compagnie du 22 RIC, sa gauche vers le pont de Courcelles en liaison avec la Compagnie Reval du 28e bataillon de tirailleur sénégalais.
30 mai 1918
La nuit se passe sans incident. Le bataillon tient la rive Est du canal sur les mêmes positions que la veille. Il est soumis toute la journée à des tirs de harcèlement de l'artillerie et subit un violent bombardement de 15 heures à 19 heures qui cause des pertes sérieuses. Aucune attaque d'infanterie au cours de la journée. Le lendemain le 61e bataillon de tirailleurs sénégalais est relevé et se portera sur Saint Brice Courcelles et Tinqueux.